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Un verre, deux verres, trois verres... (la suite)

Donc voici ce vers quoi m’ont amenée ces questions sur la consommation en tant que caviste, en tant que personne.

Avec un peu plus de recul, avec le temps, le besoin d’approbation de mes pairs que j’évoque dans la première partie de cet article s’est éloigné, la passion, elle, est restée et a grandi.

Après avoir essayé de me détacher de mon intérêt pour le vin, sans y parvenir, je suis revenue sur mes pas, plus paisible vis à vis de ma consommation et de ma capacité à goûter mieux, mais pas plus. Toute une vie ne suffit pas pour goûter tous les vins, et bien j’en goûterai encore moins, mais je leur accorderai une plus grande attention.

Et je me souvenais de la phrase de l’un de mes formateurs : « Un bon caviste est un caviste qui vit longtemps ! »…à bon entendeur.

Voila, c'est dit, je suis caviste et je n'ai en aucun cas l'ambition de "bien tenir l'alcool" en grosse quantité.

L'une des définition de l'alcoolisme est : "la perte de la liberté de s'abstenir".

Personnellement, la liberté est une valeur qui m'est chère (Calmos les philosophes, je vous vois venir, le debat sur la liberté ce sera pour plus tard !), plus encore que ma passion, mon métier.

Représentants des métiers de bouche, nous sommes fiers, à raison, de nos produits et désireux, à tort parfois, d'en resservir un p'tit coup.

Qu'on s'entende, je ne suis pas une picoreuse, j'ai parfois un bon coup de fourchette, exepté pendant ma grossesse je raffole évidemment du bon vin et quand je fais la fête, évidemment il y a parfois quelques verres qu’on ne compte plus… Bref, je bois et je mange avec grand plaisir, mais j’essaye de prendre soin de moi, des autres, et que cette consommation reste bon enfant et joyeuse.

Pour ce qui est du métier de caviste, il y a différentes manières de vouloir l’habiter, chacune a sa légitimité, en tout cas, elles existent.

Le caviste et ses différents visages : De ceux qui représentent l’opulence des tablées de chasse et vendent un Châteauneuf d’un coup de moustache avertie j’ai beaucoup appris. De ceux aussi qui ne voient le vin que par le prisme des grands crus et ne sauraient les servir que sur une symphonie de Mozart. Evidemment j’ai adoré apprendre de ceux, soucieux de l’avenir de leurs enfants, qui s’attachent plus que tout à la qualité de sols sains sur lesquels auront grandi les vignes….et je les en remercie, tous.

J’ai pour ma part très vite eu envie de guider les buveurs en demande de conseils vers une consommation en conscience. La qualité, oui, et en quantité juste. Le vin ne se boit, ni en shot, ni à la paille, il y a là peut être une raison. Il est tellement agréable de savourer. J’ai commencé mon apprentissage de la dégustation avec le Thé…sans doute cela a influencé mon approche, en conscience, de cet exercice des sens.

Je ne soutiens ou ne dénonce ici aucun type de consommation (dans la mesure du raisonnable), sinon celle qu'on se sentirait obligé d'adopter ou pas, du fait du jugement qu'elle suscite. Et si cela parait évident à certain, d'autres ont encore du mal à ne pas imposer leurs propre consomation à leurs confrères ou aux personnes qu'ils forment à exercer ce beau métier.

Et oui, certains sont de vrais gourmands et ont le ventre fait pour, d’autres sont pleinement satisfaits d’un repas frugal, dans la limite du raisonnable écoutons-nous, surtout quand il s’agit d’un produit contenant de l’alcool.

Donc, pourquoi tel voisin de table se sentirait-il obligé de boire pour faire « partie de la fête » ? Pourquoi tel autre devrait-il se sentir gêné de se resservir s’il en a envie et est en état de le faire (oui, quand on n’arrive plus soi même à viser le verre c’est qu’on peut s’arrêter…) ?

L'essentiel réside dans le plaisir, celui d'un bon vin, celui d'un bon plat, celui de goûter le fruit du travail de producteurs passionnés et passionnants...et c'est encore mieux si l'on a bu (et mangé) la juste quantité que notre corps nous réclamait, sans autre influence, aucune, que celle de notre appétit, sans être frustré ou bourré.

C’est en tout cas mon approche du métier de caviste. Quitte à peut-être vendre moins, mais vendre mieux, vendre bon (je me permets le propos car je ne suis plus salariée, sinon...).

On peut adorer la bouffe et ne pas manger à outrance toute la journée. On peut aimer le vin et ne pas vouloir tous les goûter dans la même soirée. On peut être gourmand(e) sans être boulimique et être raisonnable sans être un maniaque hygiéniste, on peut préférer la qualité à la quantité sans sentiment de privation.

On peut être simplement épicurien(ne) !

On peut ne pas jouer à "qui pissera le plus loin" quand il s’agit de se resservir. Ainsi nous n’avons pas à nous inquiéter de la consommation de ce superbe produit qu’est le vin, lorsqu’elle est accompagnée de bon sens et d’une attitude responsable.

À la vôtre !

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